Bonne Ecoute 2021 !

« Je ne me lasse pas de dire et de répéter à quel point l’exercice de la lecture à voix haute a changé ma vie » [1].

Bonjour ,

nous sommes dans un contexte inédit où notre outil principal de communication est malmené. Depuis bientôt un an, la bouche, nos bouches s’articulent derrière un masque en tissu ou en papier la plus grande partie du temps. Que nous soyons dans des situations d’apprentissage, de l’école jusqu’à la fac, en réunions professionnelles, en échange de voisinage, dans les magasins, en famille parfois, dans toutes nos relations les plus banales qu’elles soient, le bas du visage, qui en est la partie la plus expressive, est caché. Mais surtout, nous ne nous entendons personnellement et réciproquement qu’à travers un filtre qui atténue ou déforme les harmoniques de la voix, la clarté des sons, la lumière des fréquences aigues qui font l’identité de notre voix. C’est notre personnalité toute entière qui est altérée. Imaginez un milieu acoustique où l’on ne distingue plus un violon d’un piano, une clarinette d’une contre-basse, dans un brouhaha général d’instruments de musique. Le choc.

Pour moi en tant qu’audio-psycho-phonologue, ce qui m’inquiète le plus, et ce dont je voudrais vous parler dans ce nouveau bulletin, ce n’est pas l’aspect esthétique ou confortable qui pose problème. Comme vous vous en doutez c’est l’aspect acoustique. Les voix ainsi filtrées sont ternes et ne nous rechargent plus. Alors à chacun, chacune, les enfants, les ados, les adultes et surtout nos anciens qui souffrent terriblement de leur situation d’isolement et du manque de lien social, je vous donne un outil. C’est l’OUTIL dont le Pr Tomatis a fait son cheval de bataille dès les débuts de sa pratique, et qui permet 3 choses :

  • parler librement,
  • donner de la voix ,
  • stimuler le cerveau .

Il s’agit de LA LECTURE A VOIX HAUTE !

Elle se pratique d’une façon bien précise. Habituellement on la conseille après plusieurs séances d’écoute de musique, quand l’oreille est « ouverte », mais comme la situation d’isolement général risque de durer, je vous la propose comme une activité à faire chez soi. Testez-la, avec application, et faites-la connaître à vos proches, vos enfants, vos parents ! Si vous avez des questions n’hésitez pas à revenir vers moi.

Tout d’abord à quoi cela sert-il ?

Nous savons que notre cerveau a besoin d’une chose importante pour entretenir ses réseaux de connections. Au-delà de l’eau, de la nourriture et de l’oxygène, il a besoin d’être stimulé par les sons. Non pas le bruit, mais les sons et particulièrement ceux du langage. La lecture à voix haute stimule notre propre langage et façon de communiquer. Elle maintient le cerveau en éveil , stimule la mémoire et la vigilance, augmente la capacité à élaborer une pensée fluide.

« Les vertus de la lecture à voix haute se conservent tout au long de la vie. (…) Elle est également une puissante source de création. » [2]

La lecture à voix haute nous touche plus qu’on ne le croit. Nous entendons notre propre voix comme dans un enregistrement. On se rencontre soi-même.

Tout comme le théâtre ou le chant, la lecture à voix haute nous révèle à nous-même.

Par ailleurs elle oblige à réguler la respiration, elle est apaisante et rend plus fluide la cadence de la parole.

Comment s’y prendre ?

Assis sur un tabouret, le bassin placé plus haut que les genoux, le dos est droit, le dos de la tête se redresse comme pour pousser vers l’arrière, le menton est légèrement rentré. Ainsi le vestibule doit être en position horizontale.

Le livre est à hauteur des yeux, sur un pupitre de partitions par exemple.

La lecture se fait avec la main droite placée en micro devant la bouche. On doit sentir son souffle sur le triangle de peau entre le pouce et l’index. Ainsi la main droite renvoie à l’oreille droite les fréquences aiguës de la voix et les sons du langage inondent le cerveau gauche, l’hémisphère des 2 centres de la parole.

Choisir des textes animés ou de la poésie (pour les sifflantes) et moduler la voix. Lire lentement et articuler, les lèvres en avant, au moins 20 minutes par jour.

La voix « s’allume », elle devient plus riche.

Paul Madaule qui, souffrant de dyslexie sévère et rééduqué par le Pr Tomatis, est devenu psychologue et a créé en 1978 un centre Tomatis à Toronto. Il dit lui-même : « Je ne me lasse pas de dire et de répéter à quel point l’exercice de la lecture à voix haute a changé ma vie ».

Au travail, les séances d’écoute de musique sont accompagnées de lecture à voix haute et d’exercices audio-vocaux. L’objectif : corriger l’audition, recharger le mental et apaiser les tensions corporelles. J’attends vos retours. Bonne lecture !

Bien chaleureusement.

Méthode Tomatis bulletin bi-annuel n° 9 – Février 2021


[1] Paul Madaule dans les exercices Earobics, 1993

[2] Pr Tomatis dans Les Troubles Scolaires , 1988.