Les bienfaits du chant grégorien

“Le chant grégorien ne guérit pas, il sauve (…) car il s’adresse directement à l’âme.” [1]

Bonjour,

Dans le dernier bulletin je vous parlais de l’exercice de la lecture à voix haute. Cette fois-ci je voudrais vous parler d’une très belle expérience en lien avec  l’exercice audio-vocal.

Pour élargir mes connaissances sur la pratique de la méthode Tomatis et ses outils, cet été j’ai suivi un stage itinérant de chant … grégorien. Avec la musique de Mozart , le chant grégorien forme le couple idéal des séances de rééducation auditive. Globalement, le premier dynamise la pensée, le second apaise les sens. 

Ce stage, donc,  se déroulait dans un petit village “de caractère” , au coeur des monts de l’Ardèche. Perché à 800 m d’altitude, agrippé au coteau et dominant les forêts alentour, il jouïe des premiers et derniers rayons du soleil. Tout nous appelle dans ce lieu au détachement et à l’élévation.  Il m’a semblé que le cadre naturel et le grégorien procuraient les mêmes bienfaits : à la fois apaisants et ressourçants . Ils partagent la même nature : le silence, et seul le silence permet d’être à l’écoute. Je m’explique…

Je ne savais pas grand chose du grégorien sinon que les portées de notes n’ont que 4 lignes au lieu de 5, qu’il rappelle un lointain passé et qu’il est chanté par des hommes en robe de bure. En réalité j’ai expérimenté plus que je n’ai appris. Il se passe tant de choses quand on approche de près le chant grégorien.

Tout d’abord je dois vous avouer que j’ai passé les 3 premiers jours à tousser dès les premiers exercices de chant, avec des quintes de toux irrépressibles, au point de devoir quitter la salle régulièrement. C’est très incommodant quand on vient faire du chant.

En réalité, j’étais épuisée lorsque je suis arrivée au stage, je crois que j’avais accumulé beaucoup de tensions, de fatigue, de contrôle de tout et de rien, de précipitation, d’inquiétude, je ne sais pas. Bref, le 3ème jour j’ai abandonné la performance de l’après-midi et je suis allée me reposer sur un muret en contemplant le ciel à travers la canopée d’un arbre centenaire. C’était ce que j’aurais du faire depuis le début. En tout cas je me sentais si bien à la suite de cela, que lorsque le groupe a commencé à fatiguer les 3 jours suivants, j’étais en pleine forme. J’avais déjà compris deux choses:  on ne chante pas avec la gorge serrée et le ventre noué, et la respiration, la vraie, ça s’apprend.

Les versets du grégorien se chantent dans un seul mouvement d’expir. Il faut tenir. Cela oblige à prendre une respiration profonde avant de se lancer, et avoir le souffle léger et régulier. Ça se travaille, cela demande du temps car réapprendre à respirer, mettre sa conscience dans les mouvements  lents du corps oblige à se concentrer, à se recentrer. On connait les pouvoirs thérapeutiques de la respiration, et de fait, le chant procure très vite un apaisement par le ralentissement du rythme cardiaque.

Autre sensation nouvelle, entre chaque verset chanté, on doit pouvoir entendre le silence. Sacha Guitry disait : “Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui.” En ce qui concerne le chant grégorien, le silence qui suit l’unisson des voix, c’est plus que le chant, c’est la Présence. C’est un moment d’écoute et de rencontre, presque palpable.

Et comme je l’avais bien ressenti, ce n’est pas la gorge qui doit chanter mais le corps tout entier est impliqué. Le son vibre le long de la colonne cervicale. S’il est bien placé, il est amplifié et sort du crâne en quelque sorte, de derrière la tête puis se déplace sur le dessus jusque devant, au niveau du front et du masque.  Le voile du palais bien haut, il ne demande aucun effort.

On est alors comme aspiré vers les hauteurs , du fait certainement des voutes immenses qui laissent monter librement les harmoniques de ce chant monodique, redressant naturellement la posture.

Le chant grégorien  est dépouillé et appelle au dépouillement, des idées, des égos, des désirs de tous ordres. Toute sa puissance est dans sa simplicité.  Toute sa portée réside dans l’écoute, de soi et de l’Autre.

Je vous invite à essayer lors de vos exercices audio-vocaux tels que nous les avons abordés dans les séances.

Bonne rentrée à tous,

Avec du souffle, de la résonance, et de l’écoute!

Bien chaleureusement.

Méthode Tomatis bulletin bi-annuel n° 10 – Septembre 2021


[1] Pr Tomatis dans Pourquoi Mozart ?